une journée comme les autres ~ Aurora

Nous arrivions en fin de journée pour moi, je venais de bosser toute la journée, comme tous les jours. Je commençais à fatiguer, mais je n'avais pas vraiment le choix. Je devais aider monsieur et madame Valentino à la ferme, pour qu'ils puissent continuer à m'héberger gratuitement et à protéger mon secret. Ils n'étaient pas là aujourd'hui, ils avaient dû quitter la ville pour la journée et ne devaient rentrer que tard dans la soirée, je ne savais pas vraiment ce qu'ils étaient partis faire, mais je n'avais pas osé leur demander, après tout, cela ne me regardait pas. Je venais de m'occuper des quelques hectares de fruits et de légumes de la famille, je n'avais plus qu'à aller vérifier si tout était bon pour les quelques bêtes qu'il y avait ici. Une petite heure plus tard, j'avais enfin terminé cette dure journée. Comme tous les soirs, je m'étais dirigée dans la salle de bains, afin de prendre une douche avant de préparer le dîner. Il devait être environ dix-huit heures quand j'étais allée chercher quelques légumes dans le potager pour préparer le repas du soir. Je voulais préparer quelque chose de bon, pour le couple Valentino, j'aimais les remercier assez souvent pour ce qu'il faisait pour moi. Je savais que ce n'était pas facile pour eux, car ils devaient cacher la vérité à leurs petites filles et l'une des deux ne rendait pas la tâche si facile. Je savais qu'elle avait beaucoup de doute sur moi et je savais qu'elle voulait absolument connaître mon passé, mais je ne pouvais pas lui dire, je n'étais plus la même personne, j'avais une nouvelle vie. Je venais de poser les quelques légumes sur la table quand quelqu'un avait frappé à la porte, je savais que ce n'était pas les propriétaires, puisqu'ils ne devaient pas rentrer si tôt et surtout parce qu'ils devaient avoir les clés. Je m'étais alors dirigée sans bruit vers la porte pour regarder à travers le judas, ce n'était qu'Aurora, l'une des petites filles Valentino. J'ouvrais alors rapidement le verrou et la porte. Effectivement, je restais prudente, je ne faisais pas de bruit quand il y avait quelqu'un, je vérifiais toujours qui était là et surtout, je fermais les fenêtres et la porte quand j'étais seule. « Aurora, quelle bonne surprise, entre, je t'en prie. »

Aurora venait tout juste de terminer sa journée. Une journée où elle n'avait pas eu à faire grand chose, plutôt très calme et elle ne s'en plaignait pas. Elle était venue en voiture ce matin puisqu'elle avait prévu de rendre visite à ses grands-parents ce soir. Elle ne les avait pas vus depuis plusieurs jours et elle aimait leur rendre visite régulièrement. La jeune femme avait conscience de la chance qu'elle avait d'avoir encore ses grands-parents. Elle n'avait plus ses parents et passait le plus de temps possible avec eux. Elle prenait donc la voiture pour quitter la ville et se diriger vers les campagnes de Whedon Hollow. Elle adorait cet endroit, tout y était si calme et paisible. Elle venait enfin d'arriver dans la ferme de ses grands-parents, à peine une vingtaine de minutes après avoir pris la route. Elle y garait sa voiture près de la porte d'entrée et descendait à toute vitesse. Elle toquait deux coups et attendait. L'intérieur de la maison semblait étrangement calme, il y avait toujours un peu de bruit, au moins le son de la télé ou de la voix de ses grands-parents. Là rien. Il était bien trop tôt pour qu'ils soient couchés, peut-être étaient-ils encore avec le bétail ? Ou dans les champs ? Ils avaient l'habitude, à cette époque de l'année, de ne plus y travailler si tard, donc il y avait peu de chances. Quelqu'un ouvrait enfin la porte, il s'agissait de Jaelyn, une jeune femme qui aidait mes grands-parents et, en échange, ces derniers l'hébergeaient. Aurora ne savait pas bien pourquoi ils tenaient tant à l'aider et son histoire lui semblait confuse. Une simple impression peut-être ? Parce qu'elle se méfiait pour protéger ses grands-parents. Après tout, cette jeune femme était arrivée de nul part il y a de ça quelques mois, racontant des choses qu'Aurora trouvait étranges, mais cette dernière se trompait peut-être. Jaelyn invitait Aurora à entrer, ce qu'elle avait fait sans attendre plus longtemps. « Je suis venue voir mes grands-parents... » commença-t-elle en s'avançant dans le salon, jetant au passage un coup d'oeil autour d'elle, ajoutant immédiatement après : « mais ils n'ont pas l'air d'être là. » Concluait-elle finalement. Ses grands-parents seraient déjà devant elle sinon. Cette maison, Aurora la connaissait par coeur, elle avait grandi ici, elle y était un peu comme chez elle, alors se permettait d'avancer sans attendre l'invitation de celle qui n'était ici qu'une invitée, une habitante provisoire. Arrivée dans la bonne pièce, Aurora se tournait vers Jaelyn qui semblait donc être la seule présente ici. « Je ne vais peut-être pas t'embêter, tu avais peut-être autre chose à faire ? » demanda-t-elle poliment. La jeune femme n'était pas contre une discussion avec Jaelyn, au contraire, mais elle ne voulait pas non plus paraitre impolie.

Une fois Aurora à l'intérieur, je vérifiais discrètement, par habitude s'il n'y avait personne aux alentours, avant de refermer rapidement la porte, ainsi que le verrou. Je me sentais plus en sécurité la porte fermée à clé, le minimum de lumières allumées, un minimum de bruit, éviter de sortir pour autre chose que le boulot quand les grands-parents d'Aurora n'étaient pas présents. Je n'étais pas forcément très en sécurité quand j'entendais du bruit à l'extérieur, ou quand des étrangers traînaient par ici. Je savais qu'Aurora pouvait détecter ce genre de comportement chez moi, elle travaillait dans la police et avait très certainement l'habitude de se confronter à des menteurs. Ce que j'étais devenue depuis quelques mois. Aurora était là pour voir ses grands-parents. Je n'avais pas grand-chose à lui répondre sur ça. Je me doutais, qu'elle était venue voir ses grands-parents et non moi. Sauf si c'était pour me questionner à nouveaux. La jeune femme faisait le tour de la « maison », pour vérifier si ses grands-parents étaient là. Pourtant, il n'y avait personne ici, c'était vraiment visible, toutes les lumières étaient éteintes, sauf celle de la pièce où je me trouvais et la maison était vraiment très calme. « Effectivement, ils ne sont pas là. Ils m'ont dit qu'ils devaient rentrer tard dans la soirée. » Je ne pouvais pas être plus précise avec elle, car je n'avais que ça comme informations. Ses grands-parents ne m'en avaient pas dit plus, je ne savais pas vraiment vers quelle heure ils devaient rentrer, je ne savais pas où ils étaient partis, ni pourquoi. « J'étais partie préparer le repas, mais je t'en prie, tu peux rester un peu. » Je ne voulais pas qu'elle reste, je n'avais dit ça que par simple politesse. Pourtant, je ne savais pas pourquoi, mais je me disais qu'elle allait rester. Ses grands-parents n'étaient pas là, nous étions seules toutes les deux. C'était une bonne occasion pour elle de me questionner à nouveau sur mon passé. Pour je ne sais quelles raisons, elle n'avait pas confiance en moi, elle doutait de mon passé. Je ne devais pourtant rien lâcher, je devais toujours tenir mon histoire. Je venais d'attacher mes cheveux avant de passer à la cuisine. Je commençais par laver les quelques légumes que j'avais ramassés, avant de me saisir d'un couteau pour commencer à les découper. « Je peux te proposer quelque chose à boire ? » Sans même attendre sa réponse, je déposais le couteau sur le côté, avant de saisir deux verres positionnés derrière moi.

Jaelyn était une personne étrange. Discrète, elle semblait effrayée par le moindre bruit inhabituel dans la ferme, comme si elle s'attendait, un jour, à voir débarquer quelqu'un. Elle vérifiait tout plusieurs fois, ne gardait que peu de lumière allumée dans les pièces, s'enfermait à clé, regardait toujours au loin avec, au fond de ses yeux, cette crainte qu'Aurora n'arrivait pas à définir. Peut-être était-elle en danger ? En fuite ? Pourquoi était-elle là ? Arrivée de nul part un soir, accueillie quelques semaines plus tard chez les grands-parents d'Aurora, sans que jamais ils ne craignent qui elle était et quels étaient ses secrets. Ils devaient connaitre ces derniers. Pourquoi ne disaient-ils rien à leur propre petite fille alors ? Toutes ces questions, la jeune femme les avait posé une centaine de fois, mais jamais elle n'avait obtenu de réponses. Ou plutôt des réponses qui lui semblaient fausses, inventées. Aujourd'hui, elle avait une chance d'en savoir plus. Si, au départ, elle était venue voir ses grands-parents, ils n'étaient pas là, mais Jaelyn, oui. Alors pourquoi ne pas en profiter pour en savoir plus ? Pour la faire fuir loin de ses grands-parents à qui elle finirait par causer des problèmes, Aurora en était persuadée. Cette dernière était entrée sur l'invitation de l'invitée de la maison, mais s'était avancée d'elle-même, se permettant de jeter un coup d'oeil un peu partout, pour s'assurer que ses grands-parents n'étaient pas là. Ce qui était stupide, s'ils étaient là, Jaelyn lui aurait dit. Cette dernière confirma et ajouta qu'ils ne devaient rentrer que tard dans la soirée. Dommage. Ou tant mieux. « Tu ne sais pas où ils sont partis ? » Aurora pouvait bien poser la question, Jaelyn vivait ici et semblait plus au courant de la vie des grands-parents qu'Aurora elle-même. C'était normal puisqu'elle vivait ici, mais une petite part d'Aurora était agaçait par ça.

Par simple politesse, la jeune femme lui avait demandé si elle était occupée, si c'était le cas, elle partirait pour la laisser à ses activités. Elle voulait en savoir plus, pas au point de paraitre désagréable, ça ne braquerait que davantage Jaelyn. « Je peux t'aider, si tu veux. » Autant s'occuper pendant qu'elle allait poser les questions. Aurora se doutait de la véritable pensée de la jeune inconnue, elle ne voulait pas d'elle ici, mais ça, Aurora s'en fichait pas mal. Elle avait bien l'intention de rester. Jaelyn lavait les légumes et s'armait d'un couteau pour les découper. Aurora s'était entre-temps installée sur l'une des chaises de la cuisine, observant Jaelyn. Elle s'arrêtait brusquement pour demander si Aurora désirait quelque chose à boire tout en attrapant deux verres. « Je veux bien, merci. » Aurora était chez elle ici et elle se faisait servir par une inconnue. Aucun doute, en plus de la méfiance, il y avait aussi une part de jalousie. Jaelyn prenait sa place quelque part et la jeune femme avait du mal à totalement l'accepter. « Tu penses rester longtemps ici ? » Cette question, elle lui avait déjà posé et chaque fois elle attendait une réponse bien précise, mais jamais elle ne l'avait.

Aurora n'était pas la personne que j'appréciais le pus ici, ni celle que j'avais envie de voir, mais c'était toujours mieux que de voir débarquer mon mari ou ma famille. Elle était venue voir ses grands-parents qui malheureusement n'étaient pas là et elle n'allait certainement pas pouvoir les voir aujourd'hui, puisqu'ils risquaient de rentrer tard et qu'elle n'allait certainement pas les attendre. « Non, je ne sais pas. Ils ne m'ont rien dit avant de partir et je n'avais pas à leur demander. » Effectivement, je n'avais pas à jouer les curieuses avec eux. Je n'étais pas de la famille, je n'avais pas à être au courant de tout ce qu'ils faisaient, je n'avais même pas à tenter de leur demander. S'ils ne me l'avaient pas dit d'eux-mêmes, c'était peut-être parce que je n'avais pas à savoir. Je ne savais pas, mais Aurora n'allait très certainement pas mal le prendre, puisqu'il y avait au moins une chose que je ne savais pas sur eux, quand elle n'était pas au courant non plus. Je savais que la relation que j'avais avec ses grands-parents l'énervait, même si elle ne me l'avait jamais clairement dit. En même temps, j'arrivais de nulle part, ils m'avaient accueilli sans problème peu de temps après mon arrivée, me protégeaient, même s'il fallait mentir à leurs propres petites filles, ils étaient pour moi ma famille et si Aurora n'était pas comme ça avec moi, j'aurais également pu la considérer comme un membre de ma famille. « Oui, pourquoi pas. Nous irons certainement plus vite à deux. Si tu veux éviter de te salir, le tablier de ta grand-mère est là-bas, dans le placard sous levier. » Je me voyais mal lui refuser de m'aider. Puis c'était peut-être un bon moyen pour éviter les questions sur moi, pour lui montrer que je n'étais pas si étrange, que j'étais une fille normale et qui ne voulait aucun mal à ses grands-parents. Je venais de déposer un autre couteau devant elle, lui laissant quelques légumes à découper. « Un jus de fruit, ça te convient ? C'est ta grand-mère qui l'a fait dans la matinée. » Je lui montrais le récipient qui contenait le jus d'orange, qui était encore quasiment plein. Puis les deux verres furent vite remplit de boisson. Je déposais ensuite le verre d'Aurora, quelques centimètres, en face d'elle, puis le mien à côté du couteau que j'avais laissé là. « Je ne sais pas Aurora. Je pense pouvoir rester quelques mois, quelques années encore. Je ne suis pas pressée de partir, pour l'instant, je suis bien ici, c'est mon nouveau chez moi. » Je savais qu'elle n'aimait pas me voir ici. Elle voulait que je m'en aille, que je laisse ses grands-parents tranquilles. Elle n'avait aucune confiance en moi. Elle ne croyait pas aux histoires que je racontais sur ma famille et mon passé. Je pourrais dire la vérité, dire que je fuis ma famille et mon mari, mais je ne pouvais pas, même si cela pouvait parfois paraitre stupide. Je n'avais rien fait de mal. Pourtant, le minimum de personne ici, ne devait être au courant de mon véritable passé. Plus facile pour moi de rester cachée dans ce cas-là. Je craignais la réaction de mon mari, mais surtout celle de mes parents s'ils me retrouvaient un jour. Je ne pouvais plus faire demi-tour, il était trop tard maintenant, je savais qu'après ça, mes parents seraient loin d'être indulgents avec moi.

Elle vivait chez ses grands-parents, elle occupait une bonne partie de leur temps, mais elle n'était même pas foutue de lui dire où ils étaient ? Au moins, elle avait raison sur une chose : elle n'avait pas à leur demander. Elle n'avait pas à s'occuper de la vie des grands-parents d'Aurora, elle n'avait pas à vivre chez eux aussi longtemps. Elle n'avait rien à faire ici. Aurora sera ravie le jour où elle verrait cette inconnue repartir là d'où elle venait. La jeune femme n'avait rien répondu à la réponse de Jaelyn, elle s'était juste installée, haussant les épaules. Tant pis, elle n'allait pas les voir ce soir. Après tout, ce n'était rien d'urgent, donc ce n'était pas grave.

Aurora lui proposait son aide. Rien de mieux que s'occuper les mains pendant ce qui allait ressembler à un interrogatoire. Rory était certaine d'une chose : à force de lui poser tout le temps les mêmes questions, en lui montrant bien qu'elle ne la croyait absolument pas, l'inconnue lui avouerait tout, elle allait finir par dire toute la vérité. D'autant plus qu'elle n'osait jamais envoyer balader Aurora, un avantage dont cette dernière profitait. « C'est bon, merci. » Avait-elle répondu, simplement. Pour couper quelques légumes, elle ne devrait pas se salir et puis, peu importe de toute façon, ce n'était pas important. Jaelyn proposait quelque chose à boire, ensuite. Elle était tellement parfaite dans son rôle de gentille petite fille, serviable et bien élevée. Aurora la trouvait tellement fausse. Elle était d'une jalousie dans cette situation, qu'elle-même avait du mal à se comprendre parfois. Elle avait secoué la tête de haut en bas pour accepter le jus de fruit. Elle adorait ça lorsqu'elle était plus jeune. Pourquoi sa grand-mère avait-elle les mêmes attentions pour une inconnue ? Sybil et Aurora n'avait plus le droit à toutes ces attentions maintenant qu'elles n'étaient plus ici. Enfin, plus autant du moins. Aurora attrapait son verre, buvant une gorgée avant de le déposer à ses côtés.

La jeune femme commençait alors à attaquer avec sa première question. Combien de temps pensait-elle rester ici. Elle n'allait pas passer sa vie dans cette ferme. En tout cas, ça, Aurora ne le supporterait pas. « Ton nouveau chez toi ? » répéta-t-elle dans un premier temps, restant toujours très calme. Ce qu'elle entendait la faisait halluciner. Était-elle sérieuse ? « Mes grands-parents n'ont pas l'habitude d'héberger quelqu'un aussi longtemps. » C'est vrai, c'était toujours quelque chose de temporaire. « Tu n'as pas envie de retourner chez toi ? De faire ta vie ? » Elle n'était peut-être pas pressée de partir, mais Aurora était, elle, pressée de la voir partir. « D'ailleurs, tu viens d'où ? » Oui, Aurora lui avait déjà posé la question, mais elle pouvait très bien avoir oublié.

Aurora voulait voir ses grands-parents, mais il n'était pas là, je ne savais d'ailleurs pas lui dire où ils étaient partis. Mais elle n'avait pas fait la route pour rien, du coup, elle m'avait proposé son aide pour la cuisine, pourquoi pas. Je n'allais pas refuser. Elle n'était pas si méchante, à un point où je devais lui refuser de cuisiner à mes côtés. Puis, comme ça j'allais pouvoir finir plus tôt et pourquoi pas me reposer avant l'arrivée des grands-parents d'Aurora. J'indiquais alors à la jeune femme où se trouvait le tablier de sa grand-mère, pour éviter qu'elle ne se salisse, mais elle ne voulait pas. Tant pis pour elle si elle se fichait de se salir, moi, je n'avais pas besoin de tablier, j'avais l'habitude. J'avais pris par la suite deux verres, les remplissant de jus d'orange fait maison. Avant de pouvoir commencer à cuisiner sérieusement.

« Oui, je me sens bien ici. » Je savais qu'entendre ça n'allait pas lui faire plaisir. Elle n'attendait que mon départ. Je pouvais la comprendre, je débarquais de nulle part, mais pourtant elle savait pourquoi j'étais là, du moins, elle connaissait ma fausse histoire et elle n'avait rien d'étrange, pas de quoi se méfier de moi. « Je sais que tes grands-parents ont besoin de tranquillité. Mais, ils ne font pas que m'héberger chez eux, tu sais. Je leur apporte mon aide en échange. J'aime bien les aider, puis je suis calme comme fille, je ne suis pas du genre à m'énerver pour rien, à être bruyante, je suis respectueuse. Tu n'as pas à t'en faire pour eux, puis si un jour, ils me demandent de partir, je le ferais sans discuter. » C'est vrai que je n'étais pas chez moi, alors je n'avais pas à chercher à rester là si les propriétaires ne voulait plus que je reste. Je savais qu'ils m'appréciaient, ils me l'avaient déjà dit et je savais que c'était vrai, ils faisaient tout pour me protéger. Je vivais là, pour les aider en premier lieu, mais également pour leur apporter un peu de monde, chez eux. La vieille dame qui m'hébergeait aimait bien cuisiner pour moi, passer un peu de temps avec moi, elle me considérait comme un membre de la famille, elle me le répétait souvent, elle ne voulait pas que je parte, je le savais également, mais aucune des sœurs Valentino n'était au courant de ça et je ne comptais pas leur dire un jour, je n'étais pas là pour prendre leur place. Le vieil homme qui m'hébergeait, aimé bien me raconter ses souvenirs d'enfance, autour de la table le soir après le dîner. J'aimais vraiment l'écouter et tout comme sa femme, il me considérait comme une Valentino, comme l'une de leur petite fille. Tous les deux ne me parlaient jamais de mon passé, ils ne me posaient aucune question sur celui-ci, mais ils étaient déjà au courant de beaucoup de choses. « Non, je n'ai pas envie de retourner chez moi Aurora. Tu sais pourquoi, tu sais aussi que je n'aime pas parler de ce qui s'est passé avant mon arrivée à Whedon Hollow. Puis ma vie, elle est ici maintenant. » Pour elle, je parlais de la mort de mes parents, la fausse mort de mes parents, puisqu'en réalité, ils étaient bien vivants et certainement encore à ma recherche. Pour moi, je parlais de cette famille, de cette vie que je n'aimais pas, de cette vie que j'avais laissée derrière moi, pour en démarrer une nouvelle. « Je viens de France. Ça ne devrait pas être étonnant de l'entendre puisque je ne cesse de te le répéter depuis plusieurs mois. » Je restais toujours très calme en lui parlant. Je savais qu'elle allait me poser ses questions jusqu'à ce qu'elle obtienne la vérité sur moi. Pourtant, elle n'était pas prête de l'entendre. J'avais pris l'habitude de mentir, je connaissais mon histoire par cœur, je ne voulais pas faire d'erreur. Je savais exactement quoi lui répondre peu importe la question qu'elle voulait me poser. J'avais de quoi me défendre. De toute façon, je n'avais pas le choix. Aurora avait pour habitude de questionner les gens, elle était policière en même temps. Elle me prenait pour l’un de ses criminels, me faisant passer des interrogatoires, dans l’espoir d’entendre la vérité. Je m’étais habitué à ses questions, je savais aussi qu’elle n’allait pas s’arrêter là pour aujourd’hui et qu’elle allait encore me poser un tas de questions.

Jaelyn se sentait bien. Elle se sentait bien chez les grands-parents d'Aurora. Elle se sentait bien chez Aurora. Ça, Aurora avait du mal à le supporter. Elle le supportait mal parce qu'elle ne se sentait plus bien nul part. Chez elle, tout n'allait pas aussi bien qu'elle voulait le faire croire. Chez ses grands-parents, cette inconnue avait pris la place qu'elle avait quittée il y a des années de cela. Alors oui, Aurora était jalouse. Aurora détestait cette fille qui lui volait sa place et la vie tranquille qu'elle espérait depuis le premier jour où elle avait mis les pieds dans cette ville. C'était il y a une éternité, pourtant, elle s'en souvenait. Aurora avait décidé lorsqu'elle avait observé pour la première fois les paysages de Whedon Hollow qu'elle ne devait plus vivre dans le passé. En traversant pour la première fois les rues de la ville, elle s'était promis d'oublier son chagrin et d'être heureuse, de construire une belle vie et juste d'être heureuse. Aujourd'hui, tout ce qu'elle avait souhaité semblait lui échapper, alors voir cette inconnue heureuse - parce qu'aux yeux d'Aurora, elle était heureuse - elle ne le supportait pas.

Aurora savait parfaitement que l'étrangère aidait ses grands-parents, que ces derniers se faisaient âgés et qu'ils ne pouvaient plus travailler autant qu'avant. Elle vantait ses qualités. Ça la faisait sourire. N'importe qui pouvait expliquer qu'il était calme et respectueux. Pour autant, il ne l'était pas forcément. Pour Aurora, tout ce que semblait être Jaelyn était inventé, joué. Jaelyn n'avait rien de la fille qu'elle prétendait être. Ce n'était qu'une menteuse. Rory ne répondait rien. Elle avait peur de s'emporter, de dire n'importe quoi et de ne plus pouvoir obtenir de réponses par la suite. « Je suis désolée. » Avoua-t-elle en baissant les yeux. Elle avait beau ne pas aimer cette fille, elle lui avait avoué un jour avoir perdu ses parents et Aurora se rendait compte qu'elle lui rappelait sans cesse ce mauvais souvenir, ça Aurora en était désolée. Elle savait à quel point voir quelqu'un rappeler ce genre de souvenir était horrible. Mais Aurora avait vite retrouvé sa mauvaise habitude, oubliant le chagrin qu'elle pouvait causer, elle demandait à l'invitée d'où elle venait. Parce que oui, elle ne comptait pas la laisser s'en sortir comme ça. Elle connaissait son histoire par coeur, mais elle se disait qu'à force de lui demander, elle finirait par faire une erreur. Dire une chose contradictoire et à cet instant, Aurora attaquerait. La policière n'abandonnerait pas, elle voulait savoir quel genre de personne ses grands-parents hébergeaient. « C'est vrai, tu le répètes sans cesse et donc je devrais en avoir l'habitude... » Elle faisait une pause. Nan, Jaelyn n'allait pas l'avoir comme ça. « mais je ne m'y fais pas... C'est fou que tu n'aies aucun accent français si tu viens vraiment de France. » Ajouta-t-elle en insistant sur le 'vraiment'. Jaelyn devait savoir que la policière doutait vraiment. Cette remarque, jamais elle ne lui avait faite, parce que cette évidence n'était apparue que récemment aux yeux d'Aurora, lorsqu'elle repensait à ce que Jaelyn lui avait raconté. Elle n'allait rien lâcher. Elle allait découvrir la vérité. Même si ça devait lui prendre des mois. « Et tu n'as plus aucune famille ? Personne qui te manque ? »

« C'est vrai que je n'ai pas d'accent. En même temps, j'ai longtemps vécu en Angleterre, avant de retourner dans mon pays natal. Je ne suis restée que quelques années en France, pas de quoi reprendre l'accent que j'ai longtemps perdu. » Je savais qu'un jour cette question allait être posée. Je m'étonnais même de ne l'entendre que maintenant ? Effectivement, ce détail n'avait pas l'air de poser problème, pas avant, même pas à l'enquêtrice déterminait, à trouver ce que je cachais, qui se trouvait à mes côtés. La réponse était prête dans ma tête, avec quelques précisions au cas où. Je savais que je devais m'attendre à des tonnes de questions, différentes les unes des autres. Je savais que certaines questions allaient me prendre de court. Je n'étais pas prête pour affronter toutes les questions du monde. Je ne savais pas tout ce qu'il fallait inventer pour couvrir son passé. Mais j'avais appris à me défendre, à agir vite, à trouver une réponse plutôt cohérente rapidement. « Non, je n'ai plus personne. Mes parents sont décédés. Aucun des deux n'avait de sœur ou de frère. Je suis fille unique et mes grands-parents maternels nous ont quittés il y a bien longtemps, en ce qui concerne les parents de mon père, je ne les connais pas, je les ai vus quand j'étais à quelques reprises, mais depuis plusieurs années maintenant, je n'ai plus de nouvelles. Je ne sais même pas s'ils sont encore vivants, je ne sais pas où ils vivent. J'avais des amis là-bas, en France, mais à la mort de mes parents, ils se sont tous montrés très distants avec moi. Je n'avais plus rien à faire là-bas, personne ne me retenait, alors je suis partie. J'ai quitté le pays, pour recommencer une nouvelle vie ici. » Je savais que mentir était mal, mais je n'avais pas le choix. Je voulais rester cachée et pour cela, mentir était plus que nécessaire. De toute façon, en y pensant, ma vie était basée sur des mensonges. Mon mariage était un nid de mensonges, je ne faisais que continuer ce que j'avais commencé. Je me posais seulement une question. Une unique question. Est-ce que mon identité, mon passé, ... allaient rester secrets encore longtemps ? Je craignais la réaction de mon entourage, celui de Whedon Hollow, même s'il était petit, si la vérité venait à éclater. Je savais que ça allait faire plaisir à certaines personnes, moins plaisir à d'autres. Certains penseront d'abord à eux et d'autres penseront à moi. Je savais également que la vérité allait, pour Aurora par exemple être une bonne raison, pour dire qu'on ne pouvait pas me faire confiance, qu'il fallait se méfier de moi ... Et pourquoi pas l'occasion pour certains, de voir l'heure de mon départ avancer. Mais je ne voulais pas quitter cette ville. Il était hors de questions pour moi de retourner à Londres, rejoindre ce que je considérais avant comme les miens. Cette ville était aujourd'hui ma ville. « Tu restes manger avec nous ce soir ou tu préfères rentrer chez toi ? » Cette question avait deux buts, me rassurer sur le fait qu'elle allait bientôt partir (je ne voulais pas que l'interrogatoire dur indéfiniment) et pour tenter de changer légèrement le sujet. Peut-être au fond de moi, la rendre légèrement jalouse, en lui disant que je partageais tous les jours la table de ses grands-parents, alors qu'elle n'était pas conviée. Je partageais chaque jour la bonne humeur de ses grands-parents, les histoires de famille, leurs attentions à mon égard. Je n’avais pas pour habitude de me jouer des gens. Pourtant, je commençais avec Aurora. En même temps, je n’étais plus la même aujourd’hui. J’avais changé. Puis je savais qu’elle était jalouse de moi, de ma place au sein de la « famille », c’était une façon pour moi de me venger pour ce qu’elle me faisait subir à plusieurs reprises depuis mon arrivée. Des questions, à tout-va, toujours les mêmes, sans même se soucier de la douleur que cela pouvait provoquer en moi, surtout qu’elle pensait que mes parents étaient décédés et qu’elle ne cessait de me le rappeler.

Elle avait donc trop longtemps vécu en Angleterre ? Pas le moindre accent français ? C'était possible, logique même si elle avait passé le plus gros de son temps ici, mais Aurora n'arrivait pas à y croire. S'il ne s'agissait pas de Jaelyn, peut-être aurait-elle pu y croire plus facilement. Après tout, elle se méfiait rarement autant et aussi longtemps de quelqu'un. Jaelyn faisait exception. En général, il suffisait d'utiliser les bons mots et elle était convaincue, mais avec cette inconnue qui vivait chez ses grands-parents, ça ne se passait pas comme ça. « Je comprends. » Affirma-t-elle dans un premier temps. Elle avait donc réponse à tout ? « Et tu vivais où, en France ? » Avait-elle pensé à tous les détails ? Était-elle prête à répondre à toutes les questions ? Aurora était certaine qu'un jour ou l'autre, elle réussirait à la piéger avec une question, un détail, avec n'importe quoi qui l'obligerait à tout avouer.

Si Aurora ne pouvait pas la piéger avec son lieu de vie, pourquoi pas avec ceux qui pouvaient éventuellement l'y attendre ? Elle n'avait plus ses parents, c'est vrai. Ça, Jaelyn lui avait raconté à plusieurs reprises et qui, si ce n'est un monstre, inventerait ce genre de mensonge ? Mais, elle avait bien une famille ? Des frères, des soeurs, des tantes ou des oncles, des grands-parents ? Rien, pas même un cousin ? Personne, elle était la dernière personne de sa famille ? Étrange, non ? Elle pouvait très bien ne pas connaitre des membres de sa famille, mais n'en connaitre aucun, Aurora avait du mal avec cette idée. La policière ne relevait pas sur sa famille, elle pouvait envisager que Jaelyn disait la vérité. « Et tu n'as personne ? Tu n'as jamais été mariée ou jamais eu envie de te poser ? » Oui, là Aurora était vraiment indiscrète, mais peu importe. A qui irait-elle se plaindre ?

Aurora reposait le couteau avec lequel elle découpait les légumes. Elle avait terminé, faisant ça machinalement, en parlant, sans y prêter la moindre attention. Elle terminait également son verre de jus d'orange tout en observant l'inconnue qui était en train de lui poser une question. Elle aurait aimé lui répondre oui. Parce que dans le fond, la réponse qu'elle attendait était bien un non. Un non pour être tranquille et débarrassé de la policière. Pour ça, elle allait devoir attendre une prochaine fois, ce soir, elle ne pouvait manger là et devait rentrer chez elle. Aurora n'avait pas prévu de manger là, pour éviter d'être à son tour la victime d'un interrogatoire, elle préférait rentrer à l'heure qu'elle avait donné à son mari. « Je ne peux pas rester. Une prochaine fois. » Au passage, Aurora avait jeté un coup d'oeil à sa montre. Elle avait encore un peu de temps devant elle. « Le travail à la ferme n'est pas trop difficile ? Lorsqu'on n'est pas habituée, c'est vite épuisant. » Autant reprendre les questions tout de suite, Aurora n'allait pas laissé jaelyn changer de sujet. « Tu faisais quoi avant de venir ici ? »

« Dans une petite campagne, c'est pour ça que je me plais bien ici. Tu sais, ce n'est pas très différent de mon ancienne maison, même si moi, je ne vivais pas dans une ferme. » Mon ancienne maison, était en réalité loin d'être une petite maison de campagne semblable à celle-ci. Je vivais au centre de Londres, dans une belle et grande maison lumineuse. Mais je cachais mes origines. Pour tous ici, je n'étais pas une fille de bonne famille, je ne pouvais pas alors dire la vérité. « Plus personne. Non, je ne me suis jamais mariée, je suis trop jeune pour ça. Il faut apprendre à connaître la personne avant de te marier, il faut être sûr. Personnellement, je pense que je ne me marierai jamais, ce n'est pas vraiment moi le mariage. J'ai déjà eu des petits copains. Même une histoire sérieuse qui s'est terminé il y a un peu avant mon arrivée ici. J'avais besoin de soutiens, après la mort de mes parents, les nombreuses disputes avec les amis, ... J'ai pu compter sur lui quelques jours, mais je n'ai pas pu continuer. Je devais partir. Je ne me sentais plus à ma place. Je n'étais plus chez moi, plus sans mes parents, j'étais mal. Je savais que lui ne voulait pas partir, il me l'a bien fait comprendre. J'ai préféré partir seule et c'est vraiment mieux. » Elle insistait, mes réponses n'avaient pas l'air de lui suffire. Je me trouvais pourtant convaincante, mettant de l'émotion dans chacune des phrases, qui en réclamait. De toute, façon, je pouvais faire tout ce que je voulais, jamais elle ne me croirait, mais je n'allais rien lâcher. J'étais prête à répéter cent fois la même chose en une seule soirée s'il le fallait. Elle n'allait pas m'avoir, pas ce soir. « Dommage, tes grands-parents auraient été contents de te trouver là en arrivant, mais bon si tu ne peux pas, je ne vais pas te forcer. Je te comprends. » Peut-être l'une des seules phrases sincères lors de cette soirée. Je savais que les grands-parents Valentino étaient toujours contents à l'idée de voir leurs petites filles débarquer dans leur vieille petite maison. Mais elle devait partir, c'était certainement mieux comme ça, pour moi en tout cas. Même si elle allait rester encore un peu. « Non, je trouve ça super. J'aime bien. Je n'avais jamais fait ce genre de boulot, mais je trouve ça mieux que tout ce que j'avais pu faire avant. Je dois bien avouer que c'est légèrement épuisant parfois, mais je ne m'en plains pas. Je dois le faire, c'est tout à fait normal. » J'aimais vraiment le travail à la ferme, même si ce n'était pas vraiment mon genre avant d'arriver ici. Je devais m'habituer. Tous les légumes étaient coupés, il n'y avait plus qu'à les plonger dans l'eau pour les faire cuire, ce que j'avais fait assez rapidement. Retournant près de la table, tirant la chaise en face de moi, afin de m'y asseoir. « J'étais journaliste. Mais mon occupation principale était de garder les enfants des meilleurs amis de mes parents, deux p'tits bouts adorables. » Rien de tout ça n'était réel, encore une fois. Je voulais devenir journaliste, mais je n'avais jamais fait d'études pour le devenir. J'observais la jeune qui se trouvait dans la pièce, attendant la suite de l'interrogatoire. Sachant que j'allais devoir le subir une nouvelle fois.

Il était rare que la jeune inconnue reste aussi vague, elle qui avait réponse à tout, trop précisément parfois. Certaines de ses réponses semblaient inventées, créées et travaillées pour être crédibles. Là, Aurora trouvait sa réponse bien trop vague. Elle ne donnait pas le nom de sa campagne, ni même dans quel coin de la France elle se trouvait. Étrange, non ? La policière n'avait pas envie d'y voir juste un manque de précision ou un oubli. Non, pour elle, c'était un signe révélateur de son mensonge. Du gros mensonge que semblait être sa vie entière.

Puis cette histoire de famille était étrange pour la jeune femme. Elle n'avait plus aucune famille, c'était possible, mais n'avoir aucun cousin, même éloigné avec qui elle aurait contact, non. Pourtant Aurora, si elle n'avait plus ses grands-parents et sa soeur, n'aurait plus personne, elle ne connait personne, donc ça ne devrait pas lui être si étrange que ça. Mais elle n'avait pas même un mari ? Un petit copain ? Rien ? Personne ? Sa réponse était longue, développée, peut-être un peu trop cette fois-ci ? Trop jeune pour se marier ? Aurora était mariée à dix-huit ans, il n'y avait pas d'âge pour ça. Que répondre à ça ? Même la policière qui avait toujours réponse à tout avec Jaelyn, ne savait pas quoi lui répondre. En même temps, une partie d'elle se disait que ne donner aucune réponse allait faire douter Jaelyn : est-ce qu'Aurora la croyait ? Ou non ? Et c'était certainement une bonne chose.

Jaelyn avait demandé à Aurora si cette dernière comptait rester manger. Dommage, elle ne pouvait pas. Pourtant elle aurait bien voulu. Juste parce que dans le fond elle savait bien que jaelyn espérait l'entendre dire non. Une prochaine fois, dommage oui, comme disait si bien Jaelyn. « Tu n'auras qu'à leur dire que je suis passée et que je compte repasser dans les jours qui viennent. » Oui, pauvre Jaelyn, Aurora souhaitait bien lui faire comprendre qu'elle n'allait certainement pas en rester là, elle repasserait et resterait plus de temps pour gêner davantage la jeune inconnue. Aurora avait jeté un rapide coup d'oeil à sa montre. Une chance pour elle, un malheur pour Jaelyn très certainement, mais elle avait encore un peu de temps avant de devoir reprendre la route pour rentrer chez elle. Du temps qu'elle devait judicieusement utiliser, en posant de nouvelles questions. Cette fois-ci, ce fut sur le travail de la ferme. Difficile, d'autant plus pour ceux qui n'en avait pas l'habitude. Jaelyn ne semblait pas en avoir l'habitude. « Tu es courageuse alors, je connais peu de personnes capables de tenir ce boulot si longtemps alors qu'ils n'en ont pas l'habitude. » Et c'était vrai, ça Aurora ne pouvait pas le nier. La jeune policière se posait une nouvelle question alors, qu'est-ce que la jeune inconnue avait fait avant de venir ici ?  « Journaliste ? C'est vraiment très différent. » Commença-t-elle dans un premier temps. « Et tu trouvais le temps pour garder des enfants ? Tu travaillais pour quel genre de journal ? Tu étais spécialisée dans quelque chose en particulier ? » Oui, ce genre de détail, peut-être n'y avait-elle pas pensé ? Aurora avait même hésité à demander le nom du journal, mais ça ne l'aurait pas avancé.