What happened to us ? - Aurora

Aurora s'installait à toute vitesse dans sa voiture. Bien sûr, elle pouvait se déplacer à pied pour aller d'un endroit à l'autre de la ville. Ça ne prenait pas beaucoup de temps. Pourtant lorsqu'elle avait reçu cet appel, elle était montée dans sa voiture. Plus vite elle y serait, mieux ce serait. Elle ne supporterait pas les longues minutes à devoir marcher pour rejoindre le cabinet médical. En voiture, en roulant peut-être un peu plus vite que la vitesse autorisée, elle y serait en moins de cinq minutes. Aurora n'avait pas travaillé aujourd'hui, elle était en train de préparer le repas lorsqu'elle avait reçu un appel. Sa soeur avait fait un malaise et c'était Aurora qui avait été prévenue. La personne ne lui en avait pas dit plus.

Elle était enfin arrivée, garée un peu n'importe comment, Aurora s'inquiétait facilement, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de sa petite soeur. Petite soeur qu'elle n'avait pas vu depuis des semaines, des mois mêmes. Bien qu'au téléphone, on lui avait dit que ce n'était rien de grave, elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. C'est après être entrée dans le cabinet, lorsqu'elle traversait un des couloirs, qu'elle aperçue sa petite soeur, appuyée sur un mur. Elle l'appelait, pour montrer qu'elle était là, qu'elle arrivait. « Qu'est-ce que tu fais ici, pourquoi ils ne te laissent pas te reposer ? » Demanda-t-elle en caressant les cheveux de sa soeur d'un geste qui se voulait rassurant. Elle avait tout de même fait un malaise il y a peu, ils auraient au moins pu la laisser s'allonger un peu. « Ils vont m'entendre. » Poursuivit-elle. « Tu sembles vraiment aller mal et ils te laissent partir comme ça. C'est n'importe quoi. » Aurora s'arrêtait là, elle avait beau maudire ceux qui s'étaient mal occupés de sa soeur, elle était surtout là pour Sybil. Et lorsqu'il s'agissait de sa soeur, elle exagérait toujours. « On va s'asseoir, tu seras mieux. » Ordonna-t-elle à sa soeur en lui désignant ce qui servait de salle d'attente. Elle passait un bras autour de sa soeur pour l'aider. Elle pouvait très certainement se débrouiller seule, mais pas pour Aurora. « Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Aurora avait passé des mois sans avoir la moindre nouvelle de Sybil, il avait fallu que cette dernière ait un malaise pour la voir. Ce n'était pas nouveau, elle avait l'habitude de ne pas la voir pendant des semaines, sans savoir pourquoi et sans savoir quand elle aurait la chance d'avoir des nouvelles de sa petite soeur. Sybil n'en faisait toujours qu'à sa tête, jugeant certainement qu'Aurora n'avait pas besoin d'avoir de ses nouvelles. Alors avec le temps, Aurora ne cherchait plus vraiment à en avoir. Elle s'inquiétait toujours pour sa soeur, mais elle n'essayait plus de la joindre. Arrivée à ses côtés, Aurora commençait à pester. Pas contre sa soeur, non, pas encore. Contre ces incapables de médecins qui s'étaient occupés de Sybil. Elle venait de faire un malaise, il n'y avait qu'à la regarder pour voir qu'elle n'allait pas bien du tout. Pourtant, elle était là, dans les couloirs, seule. Oh, ils allaient l'entendre, ça c'était certain. La jeune femme ne prêtait pas attention au sourire de sa jeune soeur, s'il était destiné à la rassurer, ça n'avait eu aucun effet, trop concentrée à maudire le cabinet entier.

Sybil et Aurora partageaient rarement ce genre de moment. Toutes les deux, sans que la plus âgée hurle ou essaye d'imposer une meilleure vie à la plus jeune. Ça n'allait peut-être pas durer, mais Aurora profitait de ces quelques instants de calme, venant caresser les cheveux de sa soeur. Cette dernière devait donc être malade pour qu'entre elles, ça se passe bien, pour qu'Aurora n'arrive pas en hurlant après sa soeur, dès les premières secondes. Comment les deux soeurs avaient pu en arriver là ? La jeune femme avait fini par passer un bras autour de Sybil, voulant l'aider à aller s'asseoir. C'était bien mieux pour elle, même si pour Aurora, le mieux aurait été encore qu'elle soit bien confortablement installée dans l'un des lits du cabinet pour se reposer un peu. Les inconscients de médecins n'y avaient pas pensé. Sa jeune soeur s'amusait du comportement, bien trop exagéré, d'Aurora, lui affirmant que tout allait bien et riant. Ça faisait bien longtemps que cette dernière ne l'avait pas entendu rire, forcément puisque ça faisait de toute façon bien longtemps qu'elles ne s'étaient pas vues. Elle s'apprêtait à répondre lorsque Sybil affirma qu'ils avaient été gentils, mais elle avait poursuivi en parlant de "l'autre taré". La jeune femme savait parfaitement de qui parlait la plus jeune. Dans ce cabinet, s'il y avait bien une personne que Sybil ne supportait pas, c'était celui qu'elle avait été contrainte de voir de longues années. Dans le fond, Aurora la comprenait. « Pourquoi ont-ils voulu que tu ailles le voir ? » Demanda-t-elle en s'asseyant à côté de sa soeur, sans prêter une seule seconde attention à ceux qui pouvaient bien les entourer. Elle ne prêtait attention qu'à sa soeur, curieuse. « Tu n'es pas heureuse de me voir ? Après tous ces mois, pourtant. » C'était un reproche, avouons-le, à peine caché. Il n'était pas fait pour que la conversation dégénère, mais pour que Sybil comprenne, une bonne fois pour toute, que sa soeur avait besoin de ses nouvelles « Et puis, ne dis pas de bêtises, tu n'as vraiment pas l'air bien. Ces inconscients ont au moins bien pensé pour une chose, tu ne pouvais pas rentrer seule. » Avoua-t-elle, ils n'avaient pas été que des incapables. Sybil n'aurait pas pu faire deux pas correctement dans la rue. La demande de sa soeur ne l'étonnait pas tellement. Sybil pouvait me dire que c'était pour ne pas inquiéter leurs grands-parents, mais elle n'y croirait pas. Il y avait certainement bien longtemps que Sybil se fichait d'inquiéter ses grands-parents, il n'y avait qu'à voir comment elle disparaissait pendant des semaines sans prévenir personne. « Tu sais que je n'aime pas leur cacher des choses... Qu'est-ce qui t'inquiète tant, tu as encore quelque chose à te reprocher ? »

Les deux soeurs ne pouvaient définitivement pas s'entendre plus de cinq minutes. L'une des deux, et il s'agissait souvent d'Aurora, finissait toujours par commencer à chercher l'autre. Aurora n'avait pas pour habitude de juger les gens, pas ceux qu'elle ne connaissait pas en tout cas, mais sa soeur était une exception. Sybil était aux yeux d'Aurora une gamine qui n'arrivait pas à vivre sa vie d'adulte, une gamine qui gâchait tout, une gamine qui n'en faisait qu'à sa tête. Elle enchainait connerie sur connerie. Elle gâchait toutes les chances que sa famille avait pu lui offrir. Comptait-elle rester cette gamine toute sa vie ou pensait-elle un jour enfin grandir ?

Aurora n'avait rien dit de mal en lui demandant ce qu'elle se reprochait pour ne pas vouloir en parler à leurs grands-parents. Enfin, elle, elle s'imaginait que ça n'avait rien d'un reproche. Sa soeur avait ri. Ce rire faux qu'Aurora détestait tant. La réponse de sa soeur ne l'étonnait même pas. Pourtant, si elle désirait tant que sa soeur ne pense pas ça, elle n'avait qu'à lui montrer qu'elle était capable de faire autre chose que des conneries. Ce qu'elle n'avait jamais fait jusqu'à présent. Aurora ne voyait sa soeur que comme l'irresponsable qu'elle voyait, celle qui disparaissait pendant des semaines et qui réapparaissait pour une raison bien précise. Elle avait poursuivi, précisant qu'il ne s'agissait que de stress. Du stress ? Aurora était bien curieuse de savoir comment Sybil pouvait être stressée. Elle ne s'occupait de rien, semblait se fiche de tout, alors stressée pour quoi ? Non, Aurora n'arrivait pas à s'imaginer que sa soeur puisse avoir le moindre stress. La plus âgée n'avait pas le temps de répondre puisque la plus jeune s'était déjà levée pour faire ce qu'elle faisait de mieux : fuir. Aurora pouvait au moins apprécier quelque chose dans ce comportement : les deux soeurs n'allaient pas se donner en spectacle devant les quelques patients qui trainaient dans la salle d'attente. Ici, la moitié certainement, si ce n'est tous, connaissait les relations entre les deux soeurs. Pour autant, Aurora n'avait aucune envie de leur montrer comment finissait une conversation avec Sybil. La jeune femme n'avait rien répondu, regardant la plus jeune s'éloigner. Dans un premier temps, elle s'était appuyée sur le dossier de sa chaise en soupirant. Peut-être devrait-elle la laisser partir, arrêter de lui courir après pour lui faire entendre raison ? La laisser se débrouiller seule, ne plus accourir à chaque fois qu'il s'agissait d'un problème concernant la plus jeune. Peut-être que si cette dernière pensait qu'elle ne pouvait désormais plus compter sur personne, elle se rendrait compte de la chance qu'elle avait eu jusqu'à maintenant ? Aurora en souriait presque. Elle était incapable de laisser sa soeur et pourtant, elle en avait souvent eu envie.

Aurora s'était levée pour rattraper sa soeur. Elle était à l'extérieur, en train de fumer. Dans un premier temps silencieuse, elle se contentait d'observer sa soeur. Elle ne pouvait s'empêcher une réflexion. « Eteins ça Sybil ! » Avait-elle ordonné, sans vraiment croire qu'elle allait le faire. « J'ai besoin de te rappeler que tu viens de faire un malaise ? » Sa soeur était une inconsciente qui pensait toujours que faire ce qu'elle voulait était une bonne idée. « Tu étais passée où ces derniers mois ? Pour être stressée au point d'en faire un malaise, il a dû s'en passer des choses dans ta vie. » Elle finirait bien par obtenir des réponses sur les disparitions répétées de sa petite soeur. Aurora ne savait pas parler autrement à sa soeur qu'en lui reprochant les choses. Pourtant, dans le fond, elle ne voulait avoir que de ses nouvelles, elle les demandait juste à sa façon.

Sans grand étonnement, la demande d'Aurora avait été ignorée par la plus jeune. La jeune femme ne se souvenait pas de la dernière fois où sa soeur avait fait ce qu'elle lui avait demandé. Alors, elle n'avait pas insisté. À quoi bon ? Elle n'aurait pas obtenu ce qu'elle voulait, si ce n'est de se faire envoyer balader. Aurora laissait tomber cette histoire. Elle passait à la suivante. Où était passée sa soeur pendant tous ces mois sans la voir ? Elle avait parlé de stress. Personne n'était stressé pour rien, alors que se passait-il dans la vie de la jeune fille pour qu'elle soit si stressée. Pour Aurora, la réponse était simple : rien. Elle n'avait trouvé que ça pour justifier la dernière connerie qui avait causé son malaise. C'était même certain. Aurora reprochait souvent tout ça à sa soeur. Elle aimerait pourtant juste savoir où sa petite soeur se trouvait, savoir si elle devait s'inquiéter ou non, savoir pourquoi elle l'évitait tant.

Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Vraiment ? Sybil n'avait pas compris, après toutes ces années, qu'elle comptait encore pour Aurora ? Que malgré toutes ses maladresses, elle ne voulait que son bien ? Le ton qu'utilisait la plus jeune ne donnait pas envie à Aurora de répondre. Elle avait envie de la claquer, de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à lui parler comme ça. Aurora ne supportait pas que la plus jeune lui manque de respect. Cette dernière avait vite repris la parole. Chaque mot que sa jeune soeur prononçait restait. Un mince sourire pouvait même se lire sur les lèvres de la plus âgée. Si seulement Sybil savait. Aurora n'avait nullement envie que la ville entière sache que sa vie n'avait rien du rêve qu'elle aimait montrer. Parce que oui, Aurora avait toujours tout fait pour faire les bons choix dans la vie et le résultat était loin de celui qu'elle renvoyait. Si sa vie était en train de devenir un échec, un cauchemar, elle voulait au moins réussir la dernière chose qu'elle n'avait pas encore complétement foutue en l'air : faire que sa soeur réussisse sa vie. Il n'était pas trop tard et Aurora se rassurait en se disant qu'elle était encore utile à sa soeur. Sa vie parfaite, son mari parfait, son boulot parfait... Oui, Aurora préférait refléter cette image de femme heureuse, parce que personne n'avait besoin de connaitre ses problèmes, pas même sa soeur. Elle ne supportait pas d'avoir fait des erreurs et d'en être arrivé là. C'était certainement l'une des premières fois qu'Aurora n'avait réellement pas envie de répondre. Non, parce que, qu'est-ce qu'elle pouvait bien répondre à Sybil ? Aux yeux de cette dernière, Aurora n'était donc qu'une idiote imbue d'elle-même. Ces mots l'avaient blessée. Elle n'avait jamais voulu renvoyer cette image à sa soeur. Alors elle laissait Sybil partir, mais cette dernière se retournait et revenait vers sa soeur. Elle semblait avoir encore des choses à lui dire. Aurora n'était pas certaine d'être prête ni d'avoir envie d'en entendre davantage.

Aurora fixait la plus jeune, écoutant avec attention chacun de ses mots. Elle devenait folle. Elle voyait des morts ? Finalement, la visite chez le psy était peut-être justifiée. Aurora n'était pas une personne fermée, au contraire, elle croyait facilement les gens, pour peu qu'ils utilisaient les bons mots. Pourtant, elle était incapable de croire Sybil, parce qu'aux yeux d'Aurora, Sybil mentait pour se justifier, et ce, en permanence. Aurora n'arrivait pas à croire à un mot de ce que sa soeur disait, pourtant, son coeur se serrait dans sa poitrine. Voir sa soeur dans cet état, voir sa soeur pleurait alors qu'elle ne le faisait jamais devant Aurora, la fatigue qu'elle lisait dans les yeux ou sur les traits du visage de Sybil... Tout ça, Aurora ne pouvait le supporter. Les deux soeurs se disputaient sans cesse, étaient capables de ne pas se voir pendant des mois, mais Aurora ne supportait pas de la voir pleurer. Au début, elle était restée impassible. Elle ne voulait pas craquer. Mais, ses derniers mots furent de trop. Elle observait sa soeur pendant une seconde et fit un pas pour se trouver à enlacer cette dernière. Depuis quand n'avait-elle pas serré sa petite soeur dans ses bras ? « Sybil... » Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire ? « calme toi... » répéta-t-elle plusieurs fois avant de relâcher son étreinte, posant ses mains sur les épaules de sa soeur et l'observant. « Pourquoi est-ce que tu racontes tout ça ? » En d'autres termes, pourquoi est-ce qu'elle mentait et se mettait dans un tel état pour des mensonges. Si elle se mettait dans un tel état, peut-être y croyait-elle réellement. Si c'était le cas, elle devait parler avec quelqu'un. « Tu dois en parler à quelqu'un, quelqu'un capable de t'aider. » Un psy, quelqu'un capable de la soigner, la soigner de ces visions qui n'existaient pas.

Aurora avait rarement eu l'occasion de voir sa sœur dans un tel état. Cette dernière était plutôt du genre à tout retenir, surtout ses larmes. Pourtant, Sybil était bien en train de pleurer, elle pleurait, elle semblait à bout de forces. Presque comme ci tout ce qu'elle racontait était vrai. Du moins, elle y croyait apparemment. Il ne s'agissait pas, cette fois-ci, d'une simple excuse donnée à son aînée pour avoir la paix. Non, cette fois-ci, elle s'était confiée, avouant quelque chose qui la dépassait. Aurora ne croyait pas qu'elle voyait réellement des fantômes venus d'on ne sait où, elle s'imaginait plutôt que sa sœur s'était suffisamment abîmé le cerveau avec toutes ses conneries pour aujourd'hui en être arrivée à de telles extrémités. Qu'est-ce qu'Aurora pouvait bien faire face à la détresse de sa sœur ? Elle voulait être là pour elle, mais elle n'allait pas la soigner d'un tel problème. Pour ça, elle pouvait faire tous les efforts du monde, c'était impossible. Alors, la policière ne pouvait que la consoler, essayer de la calmer et l'aider à se faire soigner.

Sybil la supplia. De quoi ? De la croire ? De ne pas lui demander de voir quelqu'un ? Il allait bien falloir pourtant. Sybil allait devoir affronter ses problèmes pour les résoudre. Elle ne devait plus attendre que ces derniers se règlent d'eux-mêmes. Ça n'arriverait jamais. Aurora avait été incapable d'ajouter quelque chose, elle avait laissé sa sœur reprendre la parole. Cette dernière lui avait assuré ne pas être folle. Elle continuait de pleurer. La plus âgée écoutait les mots de la plus jeune qui semblait penser connaître les pensées d'Aurora. « non... » S'était-elle contentée de répondre, de chuchoter plus pour elle-même qu'autre chose d'ailleurs, jamais Aurora n'avait pensé que sa sœur était une bonne à rien, non Aurora ne pensait pas que sa sœur était tarée.. Tout était bien plus compliqué. Tous les mots que Sybil avait prononcés se gravaient dans la mémoire de la plus âgée, pour l'instant incapable de répondre, son cerveau cherchant plutôt quelle réaction était la meilleure. Avoir la bonne réaction pour que sa sœur ne prenne pas la fuite. C'est la question de sa sœur qui l'avait sorti peu à peu de ses propres questionnements, sortant presque sans autre réaction un paquet de mouchoirs en papier de sa poche de manteau qu'elle avait tendu à sa sœur.

Puis elle s'était ressaisie. Sybil avait besoin d'une sœur forte, pas de quelqu'un qui cherchait dix minutes quelle était la meilleure réaction. La plus jeune calmée, Aurora la fixait, elle semblait tellement fragile à cet instant, comme la petite fille qu'elle était à l'époque où les deux sœurs étaient arrivées en ville lorsqu'elle avait perdu leur père. « Tu aurais dû me le dire plus tôt... » Commença-t-elle en baissant les yeux, observant le sol comme si tout à coup, il prenait une importance particulière. « Tu n'es pas folle, je te crois Sybil... » Avait-elle poursuivi dans un premier temps avant de relever les yeux vers sa jeune sœur. Laissant croire pendant une seconde, qu'elle croyait sa sœur sur ses visions. « Tu es malade. Je vais t'aider. On va t'aider. On va aller en parler aux grands-parents, d'accord ? On doit les mettre au courant de... ça. » Aurora ne se sentait pas capable de gérer ça toute seule. Ça non. Comment rassurer sa sœur alors qu'Aurora était réellement morte de trouille à l'idée de ce qui pouvait arriver à la plus jeune. L'idée même que cette dernière disait la vérité lui avait effleuré l'esprit. Si elle aussi commençait à croire de telles choses, elle ne pourrait jamais aider sa sœur. Non, leurs grands-parents, eux, seraient quoi faire. Ils avaient toujours été là pour les deux femmes, ils avaient pris soin d'elles lorsqu'elles n'avaient plus leurs parents pour le faire. Ils les avaient recueillis et élevés malgré toutes les difficultés que ça avait entraînées. Ils étaient ceux qui auraient les réponses aux questions des deux sœurs. S'ils ne les avaient pas, qui d'autres pour les aider et leur montrer ce qu'il fallait faire ? Non, pour l'instant, Aurora préférait penser qu'ils pourraient les aider. « J'suis désolée. Désolée de ne pas avoir vu tout ça plus tôt... » Aurora enchaînait, regardant le sol puis sa sœur, incapable de faire autre chose que de parler. Elle était en train d'essayer de se rassurer elle-même. « J'vais t'aider, tu sais, je ne te laisserai pas toute seule. » Elle avait juste besoin d'un peu de temps pour assimiler tout ce que sa sœur lui avait avoué. Un peu de temps pour comprendre que sa petite sœur était malade, qu'elle voyait des gens morts et qu'elle était en train de se détruire. « Tu comprends maintenant ? Tu comprends où tes conneries t'ont menée ? » Avait-elle dit pour terminer, relevant une bonne fois pour toute les yeux vers ceux de sa soeur, retrouvant ses habituelles remarques. Plus parce qu'elle était effrayée que parce qu'elle avait envie d'ennuyer sa soeur avec ça.